Discours à Sup’ Optique à l’invitation de l’association Réflexions7 min read

L’innovation responsable: quelle signification et quels mérites lui attribuer?

Dès le XVIe siècle, François Rabelais affirmait dans Pantagruel que la « science sans conscience n’est que ruine de l’âme » . Je suis venue ici vous parler de l’interprétation que je fais aujourd’hui de cette sentence.
La science consciencieuse est aujourd’hui appelée innovation responsable et elle est définie par trois critères : la pertinence des réponses aux besoins des individus, l’anticipation des conséquences de nos innovations et le regard posé sur les conséquences indirectes de nos innovations sur les modes de vie pour la société dans son ensemble.
Mon sujet se décline en 3 points ; l’innovation responsable découlant de la recherche incrémentale, celle liée au progrès technique et, enfin, l’innovation concourant directement au service de l’Humain .

 

1. La recherche fondamentale a permis, et permettra encore, de faire bien des découvertes majeures sans que l’on connaisse tous les aboutissements au premier jour du dévoilement de ce nouvel objet scientifique . Ce n’est qu’ au bout d’un long processus de recherche incrémentale, que l’objet de curiosité sera enfin apprivoisé puis domestiqué, c’est alors que l’on pourra envisager toutes ses applications et ses conséquences potentielles . Ainsi pourrait – on évoquer la découverte majeure de l’atome et de son noyau (de Démocrite à Bohr en passant par Rutherford), et l’impact que cette découverte a eu sur notre société au cours des premières décennies de son exploitation, ie ; les premières armes atomiques, les déchets nucléaires rejetés à la mer sans vergogne dans les années 1950 . Cet exemple étant par trop extrême et polémique , je préfère illustrer mon propos par une technologie bien mieux acceptée socialement et aujourd’hui largement déployée. Lorsque Hertz puis Einstein travaillèrent sur l’effet photoélectrique , ils n’avaient certes pas en tête de fabriquer des panneaux solaires capables de produire de l’électricité à usage domestique . Pourtant, cette découverte a donné lieu à une énergie renouvelable qui compte parmi celles appelées à se substituer à la fission nucléaire . Mais faut – il encore s’interroger sur l’impact environnemental de cette technologie , celui causé par l’extraction du silicium, l’impact de l’utilisation de différents procédés chimiques toxiques et enfin du recyclage en fin de vie de ces panneaux . Nul doute que le gain en rendement améliorera encore l’efficacité énergétique de cette technologie photovoltaïque . Toutefois, au jour d’aujourd’hui, l’exploitation abusive des ressources de notre planète (1,8 fois les ressources que produit la Terre par an) , l’augmentation critique des Gaz à Effet de Serre (GES) liés à l’activité humaine, et son corollaire, le réchauffement climatique , tout cela nous impose, à chaque incrémentation et quel que soit l’objet de l’innovation, de se poser la question du coût environnemental découlant des procédés d’exploitation, production et de recyclage .

2. Il en va de même pour tout progrès technique né de l’apparition d’un besoin ou d’un désir d’amélioration, ce peut être une innovation de rupture (M. Dyson l ’ ingénieur pour s’ affranchir de s sac s à poussière a conçu un aspirateur utilisant la force centrifuge) . Cette révolution des usages prend sa source dans l’ attention particulière portée à des facteurs exogènes , et une attitude « think out of the box » pour concevoir de nouveaux systèmes, objet s technologique s ou services . L a photonique y prend toute sa part. Pour les mêmes raisons précédemment citées qui conditionnent le futur de l a vie sur Terre , c’est un devoir de se poser , dès le départ, la question du coût environnemental , voire d’avoir comme objectif d’innover afin d’avoir un impact positif sur l’ environnement et de gagner en terme d’efficacité énergétique . La responsabilité de la cherche u se ou celle de l’ingénieur est donc directement engagée dès le début d’un projet innovant.

 

3. Enfin, il y a l’innovation délibérément conçue pour servir l’Humain , tels les progrès en médecine et aussi en matière de qualité environnementale. L’État souhaite soutenir la croissance verte en investissant dans tout projet contribuant à la Transition énergétique et écologique ( ex : chimie verte, réduction des GES…. « greentech » ) . Dans le domaine de la photonique qui vous intéresse, nombreuses sont déjà les réalisations dédiées au contrôle de la pollution, comme les LIDAR, les spectroscopes embarqués à bord des satellites Sentinels destinés à l’étude de l’atmosphère, des océans ou de la végétation. J’ai également eu vent d’une innovation très réjouissante concernant des spectroscopes de poche permettant d’analyser la composition chimique des aliments , capable de détecter , par exemple , la présence de pesticides à la surface d e la pomme que l’on s’apprête à croquer……… Si vous avez un projet de ce type, sachez que je suis disposée à le financer !

 

Pour conclure, j’élargirai mon propos à l’Entreprise Responsable, en tant que membre de la Plateforme RSE placée sous l’autorité du Premier Ministre , cette plateforme a pour but d ’ analyser et promouvoir les bonnes pratiques en matière :

– de gouvernance ,

– de respect des droits Humains y compris de politique d’achat responsable – de respect de la participation des salariés à la vie de l’entreprise, d’accès à la formation,

– d’apprentissage et d’inclusion

– d’enjeux environnementaux…

 

Bref , l’ensemble des critères que l’on range communément sous le vocable de Développement Durable.

Il est donc essentiel que , Vous, nouvelle génération d’entrepreneurs et de chercheurs, vous saisissiez de ce principe de Développement Durable et le placiez au cœur de votre démarche d’innovation qui de fait sera … responsable.
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