Une année européenne #29 min read

Débuté en mai 2018, ce journal de bord retrace, mois par mois sur une période de 1 an aboutissant aux élections au Parlement Européen, progrès engagés, éventuelles reculades, qui feront le résultat que nous connaîtrons au mois de mai 2019.

Europe has been through a lot of ups and downs this past month!

  • 1er juin : Le nouveau gouvernement italien s’installe avec un europhobe, Paolo Savona, aux Affaires Européennes. En revanche, l’Italie réaffirme sa décision de rester dans l’Euro.
  • 15 juin : Une crise naît du refus par l’Italie de laisser accoster le bateau l’Aquarius et les 629 migrants sauvés par l’ONG SOS Méditerrannée. Le Président de la République E. Macron et le Premier Ministre italien G.Conte s’entretiennent dans une tentative d’apaisement.
  • 19 juin : L’avenir de l’Europe se joue peut-être à Meseberg à l’occasion du sommet franco-allemand, une réponse commune aux défis migratoires est définie, et très important, nos 2 pays s’accordent sur la mise en place d’un budget pour l’Eurozone qui conduise à une plus grande stabilité et convergence entre les 17 pays. Deux programmes majeurs de coopération en matière de défense sont également actés.
  • 21 juin : La Grèce sort enfin de la mise sous tutelle dont elle faisait l’objet.
  • 25 juin : La coopération renforcée entre pays volontaires et capables dite IEI « Initiative Européenne d’Intervention » est signée sous forme de lettre d’intention signée par les Ministres de la Défense de 9 Pays dans le but de se préparer à répondre à des crises potentielles pouvant menace l’Europe.
  • 28 et 29 juin : Le conseil Européen se réunit à Bruxelles, les discussions portent majoritairement sur la nécessité d’une réponse commune aux flux migratoires. Il s’agit également de hausser nos efforts en matière de cyberdéfense, de technologies numériques et de lutte contre l’évasion et les fraudes fiscales. La proposition franco-allemande d’un budget pour la zone euro ne recueille pas l’unanimité, mais il est entendu qu’elle fasse l’objet d’un examen par le Conseil et la Commission.

L’Europe s’est révélée une fois de plus, bien démunie face au défi migratoire. Cependant, des avancées sont à souligner tant dans le domaine commercial où l’on peut se féliciter de la réponse coordonnée aux droits de douanes imposés par les USA, que dans le domaine de la défense et de la sécurité de nos intérêts stratégiques.

La vision partagée et les liens unissant la France et l’Allemagne sont réitérés avec d’une part, la volonté de créer un budget pour la zone euro qui soit un véritable instrument d’intégration et de stabilité économique et d’autre part, le lancement de 2 programmes de coopération majeurs sur le futur système de combat aérien et sur un futur char de combat.

A cet égard, l’Initiative Européenne d’Intervention représente également un succès majeur de la politique menée par la France.

Au cours de cette période très agitée, le Président de la République Emmanuel Macron aura démultiplié ses efforts pour parvenir à un accord avec ses partenaires européens, notamment l’Italie, concernant le contingentement des flux migratoires, et afin de soutenir la Chancelière Merkel face à l’opposition de la CSU (“Christian Social Union”) au sein du gouvernement.

Une entente fragile trouvée face au le défi migratoire :

Emmanuel Macron déclare « L’Europe a manqué d’efficacité…et les systèmes de solidarité par quotas ne permettent pas d’atteindre des résultats satisfaisants ».Comparé au pic des flux migratoires de 2015, il n’y a pas de crise migratoire à proprement parler, chaque pays d’Europe est capable d’accueillir quelques dizaines de milliers de migrants en plus en 2018, ce qui est mis en cause, c’est bien le fonctionnement jugé inéquitable du règlement de Dublin et le manque avéré de solidarité avec les pays de première entrée.

La position de l’Italie rejoint la ligne du strict contrôle (voire arrêt) de l’immigration instaurée par les 4 pays, Hongrie, Rep Tchèque, Pologne et Slovaquie, du «Visegrad ».

Et que penser, de l’intention, annoncée par le chancelier autrichien Sebastian Kurz, des ministres autrichien, allemand et italien de l’Intérieur de créer un «axe» pour lutter contre l’immigration clandestine !

Néanmoins le 28 juin, veille du conseil européen, une entente fragile est trouvée sous l’influence Macron-Merkel pour redéfinir la coopération en matière de migration, cette entente consacre la volonté de maitriser les flux et pour les uns de continuer à accueillir des réfugiés sur leur sol. Elle prévoit également d’agir en amont en Turquie, en Afrique et de rechercher un accord avec le Maroc; apparaît ainsi « le concept de plateformes régionales de débarquement ».

Sur le territoire de l’UE, des « centres contrôlés par les Etats Membres, uniquement sur une base volontaire » pourraient être organisés.

Les décisions du Conseil de l’Europe s’accordent sur la nécessité de réformer le « règlement de Dublin sur la base d’un équilibre entre responsabilité et solidarité, prenant en compte les personnes débarquées à la suite d’opérations de recherche et de sauvetage », sur le renforcement du rôle d’appui joué par Frontexainsi que sur les mesures à prendre pour limiter « les mouvements secondaires de demandeurs d’asile entre les États membres qui risquent de porter atteinte à l’intégrité du régime d’asile européen commun et à l’acquis de Schengen. »

Tout au long de cette crise, Merkel aura dû faire face à la vive pression de ses alliés conservateurs en la personne de son ministre de l’intérieur Horst Seehofer.

En France, la population se prononce à plus de 60% contre l’arrivée de nouveaux migrants.
Pourtant, je reste convaincue que nous aurons besoin en Europe de l’apport de ces forces vives, le moment n’est pas encore venu et notre priorité immédiate reste d’insérer mieux et au plus vite les plus vulnérables dans la société et notamment vers l’emploi.

Sur le front de la souveraineté de l’Europe, le conseil appelle « à une coordination plus poussée entre les Etats membres et en concertation avec l’OTAN afin de réduire la menace que représentent les activités de renseignement hostiles. » Cela va de pair avec le la nécessité de renforcer les capacités de lutte contre les menaces cyber ainsi que sur la vigilance à porter au risque d’ingérence constitué par la « désinformation ».

Lettre d’intention pour le développement d’une Initiative Européenne d’Intervention (IEI), signée le 25 juin par l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la France, les Pays-Bas, le Portugal et le Royaume-Uni « Lancée par le Président de la République le 26 septembre 2017, l’Initiative européenne d’intervention vise à favoriser l’émergence d’une culture stratégique européenne et, en particulier, à renforcer la capacité des Européens à agir ensemble, en créant les conditions préalables pour de futurs engagements coordonnés et préparés conjointement dans des scénarii divers d’intervention militaire, sur tout le spectre de crises, affectant la sécurité de l’Europe. Concrètement, l’IEI sera fondée sur un socle d’États européens ayant démontré leur volonté politique et leur capacité militaire d’assumer un engagement en opérations. L’IEI se distingue des autres projets en cours (ad hoc, UE, OTAN) par sa vocation opérationnelle ambitieuse, tout en contribuant à les renforcer. »

A l’initiative de la France, l’IEI associe un nombre restreint de pays contrairement à la PESCO/CSP (Collaboration Structurée Permanente) qui se veut inclusive. Elle se distingue également dans sa vocation opérationnelle alors que la PESCO porte sur le développement capacitaire. L’IEI vise à l’efficacité : le cadre est flexible et indépendant de l’EU et de l’OTAN, il lie les états-majors des pays signataires, l’IEI pourrait trouver son aboutissement sous forme de coalition ad hoc regroupant les pays prêts à s’engager pour répondre à une situation de crise, de type sécuritaire et ou humanitaire, affectant les intérêts de l’Europe.

Pour plusieurs raisons, l’adhésion de l’Allemagne à cette initiative était loin d’être évidente, car l’Allemagne privilégie le caractère inclusif dans les dispositifs mis en place par l’EU et elle est fortement contrainte par le cadre parlementaire au niveau fédéral. On peut imaginer que l’attitude du gouvernement américain au cours des derniers mois a été de nature à inciter l’Allemagne à jouer la carte de l’autonomie stratégique de l’Europe.

Enfin l’IEI permet de rallier dans cette même volonté politique, le Danemark, pays du « opt-out » non signataire du traité de Maastricht, et surtout la Grande Bretagne, pays sortant de l’UE en mars 2019.


Rendez-vous le mois prochain pour mon prochain post !

Natalia Pouzyreff, députée des Yvelines

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