La loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 a fait l’objet d’un débat en séance à l’Assemblée nationale le 22 juin.
Il faisait suite à la série d’auditions menées par la Commission défense, à commencer par celle de la ministre des Armées, celles des différents chefs d’État-major (Terre, Marine, Air et de l’Espace), et celle du CEMA François Lecointre à qui nous avons rendu un hommage appuyé alors qu’il quittera ses fonctions en juillet prochain.
Dans un contexte stratégique fortement dégradé, la LPM nous permet de disposer d’un modèle d’armée complet afin de pouvoir intervenir sur l’ensemble du spectre des conflictualités, et ainsi affirmer cette singularité française.
À la suite de la déclaration du Gouvernement, j’ai rappelé dans un discours à la tribune en quoi la LPM répondait aux attentes de nos armées et combien elle était une force pour notre nation.
Retrouvez mon discours ci-dessous :
« Monsieur le président, Madame la présidente de la Commission de la défense, monsieur le Premier Ministre, madame la Ministre, Mes chers collègues,
Natalia Pouzyreff – Débat relatif à la loi de programmation militaire (22 juin 2021)
Tout d’abord, je veux ici rendre hommage aux trois soldats français blessés hier dans une attaque au Mali.
Parce que l’armée française est la première armée d’Europe, parce que nos soldats comptent parmi les plus aguerris, parce que leur engagement est sans faille sur tous nos théâtres d’opération, la loi de programmation militaire se doit d’être à la hauteur des menaces et des enjeux stratégiques auxquels nous sommes confrontés, à la hauteur des attentes de nos concitoyens pour assurer leur sécurité ainsi que la protection des intérêts de la Nation partout dans le monde.
Cette loi de programmation militaire vise à disposer d’un modèle d’armée complet afin de pouvoir intervenir sur l’ensemble du spectre des conflictualités, et ainsi affirmer cette singularité française.
C’est parce que nous portons cette volonté que nous avons peut-être en Europe une responsabilité d’autant plus grande, celle d’entrainer nos partenaires européens dans notre sillage, et l’ambition affichée par le président de la République, d’acquérir d’avantage d’autonomie stratégique.
Or, la souveraineté européenne ne peut être garantie que si nous disposons de moyens militaires et technologiques suffisants ainsi que d’une capacité à nous projeter sur tous les théâtres d’opération. À cet égard la France se déploie en Méditerranée orientale, dans le détroit d’Ormuz, dans la zone indopacifique, partout où il s’agit de faire respecter la liberté de navigation.
Madame la ministre, cette LPM tient ses engagements. Grâce aux moyens rénovés de nos armées, nous poursuivons la lutte contre le terrorisme aux côtés de nos alliés. Au Sahel, nous sommes les initiateurs de la Task force Takuba lancée en juillet 2020, composée de forces européennes spécialisées dans la lutte antiterroriste. L’implication croissante des partenaires européens est à saluer, particulièrement dans la perspective où Takuba pourrait monter en puissance face au retrait progressif de l’opération Barkhane au Mali. La France est par ailleurs à l’origine de l’Initiative européenne d’intervention (IEI), créée en 2018, et qui a pour mission de favoriser l’émergence d’une culture stratégique commune et ainsi faciliter les futurs déploiements conjoints.
Sur le plan capacitaire, la France défend l’idée d’une autonomie stratégique, qui procède de la capacité de décider et d’agir de manière coordonnée. Pour cela la France s’appuie sur les instruments de la Politique de sécurité et de défense commune (PSDC) tels que la coopération structurée permanente (CSP), au sein de laquelle, la France est active dans 36 des 46 projets. La France compte également sur le Fonds européen de défense (FEDEF) « doté d’une enveloppe de 8 Md pour la période 2021-2027 », qui est la première pierre d’un budget européen destiné à la défense.
Notre pays s’attache aussi à la structuration de programmes majeurs en coopération, que sont l’avion de transport militaire A400M, l’hélicoptère NH90, l’Eurodrone, il en va de même pour le futur système aérien de combat appelé SCAF que nous menons aux côtés de l’Allemagne et de l’Espagne ou encore du futur char de combat le MGCS. Ces grands programmes constituent le réservoir de technologies que nous aurons à développer à l’horizon 2030 et au-delà, sous peine de risquer un déclassement stratégique qui nous laisserait tributaires d’un éventuel découplage stratégique entre les Etats puissances que sont les Etats-Unis et la Chine.
En ce sens, il est indispensable de maintenir notre Base industrielle et technologique de défense (BITD) par la voie d’une Recherche et Développement toujours à la pointe, et en soutenant la performance de nos grands maîtres d’œuvre ainsi que le savoir-faire de nos plus petites entreprises. Pour illustrer ce propos sur l’excellence de notre tissu industriel, j’ai plaisir à évoquer l’avion de combat Rafale, qui enchaîne aujourd’hui de nombreux succès, au grand export, au Qatar, en Égypte et en Inde, comme en Europe, en Grèce, en Croatie et nous espérons prochainement en Suisse et en Indonésie. C’est cet esprit volontaire et cette singularité qui font de la France un moteur de l’Europe de la défense. C’est la force de notre loi de programmation militaire, de nos armées et de notre industrie. C’est la force de notre Nation. »
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