Le mercredi 17 mars, les membres de la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale ont auditionné le général Eberhard Zorn, Chef d’État-major de l’armée allemande.

L’occasion de revenir sur nos projets communs et d’œuvrer à une convergence stratégique en matière de Défense. Cette discussion s’inscrit dans le dialogue franco-allemand, indispensable à l’Europe de la Défense.

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En tant que représentante de mon groupe parlementaire LaREM, j’ai interrogé le général sur plusieurs aspects en matière de défense. Intervention à retrouver ci-dessous :

Natalia Pouzyreff : « En ma qualité de membre de la commission défense mais aussi en tant que coordinatrice du groupe de travail « Politiques étrangère et de défense » de l’Assemblée parlementaire franco-allemande, je me félicite de votre venue à cette audition. En effet nous avons un réel besoin de croiser nos conceptions stratégiques mutuelles afin d’en dégager des perspectives communes. C’est également l’objectif de la boussole stratégique initié sous présidence allemande de l’Union européenne et qui devrait aboutir sous présidence française.

Dans le document « réflexions sur la Bundeswehr de demain »  que vous avez récemment présenté au Bundestag aux côtés de la ministre allemande de la défense, Madame Kramp-Karrenbauer, vous donnez des clés de compréhension quant à votre lecture du champ international. Vous dressez le constat d’un retour à l’action militaire comme résolution des conflits, de la montée des rivalités entre puissances régionales ainsi que des menaces grandissantes pour les modèles de gouvernance démocratique et de coopération régionale. Dans ce contexte vous évoquez les rôles de l’Allemagne, le rôle de nation d’appui pour ses alliés, le rôle de premier intervenant en cas de crise ou encore le rôle de plaque tournante au sein de l’alliance nord atlantique et de l’Europe de la défense. En somme, on retrouve dans votre analyse une lecture plus pragmatique et volontariste, qui dénote d’une certaine convergence stratégique avec les conceptions françaises.

Sur le plan opérationnel et de l’engagement des forces sur les théâtres d’opération, on note cependant des différences nettes pour partie liées à la nature différente des règles en vigueur dans nos deux pays.  Récemment, le Parlement allemand s’est prononcé contre l’armement des drones, l’incertitude est également de mise quant aux besoins de l’Allemagne s’agissant de l’hélicoptère Tigre dans sa mission d’appui tactique. Pour la France, il est clair que les armées doivent pouvoir bénéficier de tels moyens de combat (Tigre et drones), et nous comptons ainsi ardemment sur une poursuite du programme Tigre. Plus généralement, pensez-vous  qu’il soit possible de concilier les approches des deux pays et le déploiement de capacités d’action communes sur les différents théâtres d’opération ?

L’horizon post 2030 devrait justement nous permettre d’asseoir cette capacité d’action commune autour de nouveaux programmes ambitieux de systèmes de combat aérien du futur et de combat terrestre ainsi qu’assurer notre souveraineté industrielle et technologique.

C’est aujourd’hui le SCAF, le système de combat aérien du futur, qui mobilise l’attention de nos deux pays. A l’origine, la coopération restreinte autour de la France et l’Allemagne s’est faite sur un consensus en termes de besoins. Ce système de nouvelle génération ambitionne une forme très aboutie en matière de connectivité et de combat collaboratif. Certaines divergences subsistent néanmoins quant à la répartition de la maîtrise d’œuvre. Or, le SCAF est à la fois indispensable à nos armées pour conserver leur capacité à entrer en premier sur n’importe quel théâtre d’opération et plus largement à l’Europe pour tenir sa place au rang de puissance. Par conséquent et j’espère que cet avis est partagé, nous escomptons donc sur une résolution rapide des différends industriels qui permettent de lancer la phase de démonstration.

Quelles recommandations pourriez-vous faire à cet égard ? Et plus généralement croyez vous que nos deux pays puissent, au sein de l’Europe de la défense, faire émerger une convergence en matière de programmes d’armement ? »

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